La pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) est l’un des insectes indésirables les plus destructeurs du maïs de grande culture, du maïs de semence et du maïs sucré. Sa présence est de plus en plus préoccupante dans les poivrons, les pommes de terre, le houblon et d’autres cultures hôtes au Canada. Son aire de répartition s’étend du sud des provinces des Prairies jusqu’aux Maritimes, généralement là où l’on cultive du maïs. La pyrale du maïs a été introduite en Amérique du Nord en 1910 depuis une usine de fabrication de balais d’Europe centrale. L’insecte a été signalé pour la première fois en Ontario en 1920, au Nouveau-Brunswick en 1925, au Québec en 1926, en Nouvelle-Écosse en 1929, au Manitoba en 1948, en Saskatchewan en 1949 et en Alberta en 1956 (où il a été éradiqué avant de réapparaître en 1980).
La pyrale du maïs peut réduire le rendement du maïs, augmenter le temps de récolte et réduire la qualité des grains en raison des maladies et de la contamination par des mycotoxines. Certaines études ont montré qu’un seul insecte par plante pouvait réduire le rendement de 3 à 5 %, et l’on peut s’attendre à des réductions plus importantes en cas de forte pression de la pyrale du maïs.
Identification
Masses d’œufs
Les masses d’œufs de la pyrale du maïs contiennent généralement de 15 à 30 œufs qui sont généralement déposées sur la face inférieure de la feuille, près de la nervure centrale. Les œufs sont plats et ressemblent à des écailles de poisson qui se chevauchent. Les masses d’œufs fraîchement pondus sont blanches et, lorsque l’éclosion approche, la capsule noire de la larve est visible à travers la coquille (stade de la tête noire).
Adultes
Les papillons adultes sont de couleur beige (femelle) ou brune (mâle) et ont des lignes ondulées sur les ailes. Les femelles sont légèrement plus grandes que les mâles.
Larves
Les larves de la pyrale du maïs sont de couleur crème blanchâtre avec une tête noire. Il existe cinq stades larvaires (instars). Les instars les plus âgés (3e à 5e) ont des taches noires le long du corps, entourées d’un halo noir.
Cycle biologique
La pyrale du maïs passe par quatre stades à chaque génération: œuf, larve, nymphe et adulte. Les dégâts sur le maïs sont causés uniquement par le stade larvaire. Les premiers instars se nourrissent des feuilles et des panicules des plantes, tandis que les derniers instars creusent des galeries dans la plante. La pyrale passe l’hiver à l’état de larve mature (5e instar) dans le maïs (résidus de tiges et d’épis, mauvaises herbes et autres). Les larves matures du cinquième instar sont en diapause sous la forme de nymphes inactives à l’intérieur de la partie inférieure des tiges de maïs laissées au sol après la récolte. La chrysalide mûrit au printemps et émerge sous la forme d’un papillon adulte. Les envolées de pyrales ont lieu de la mi-mai à la mi-septembre.
Les papillons adultes quittent les résidus de maïs après l’émergence et volent vers des zones de végétation herbacée dense — comme les fossés en bordure des routes ou le long des clôtures — pour boire de l’eau, se reposer et s’accoupler. La femelle accouplée trouve alors une culture de maïs (ou une autre culture hôte) pour y pondre ses œufs.
Les masses d’œufs sont déposées sur la face inférieure des feuilles de maïs, généralement près de la nervure centrale. Les masses d’œufs contiennent en moyenne de 15 à 30 œufs. Les œufs sont blancs et plats et ressemblent à des écailles de poisson qui se chevauchent. Au fur et à mesure que les larves mûrissent à l’intérieur de l’œuf, la capsule noire de la tête devient visible, ce que l’on appelle le « stade de la tête noire ». Les œufs éclosent dans les 3 à 7 jours suivant la ponte, en fonction de la température.
La pyrale du maïs connaît entre une et trois générations par an au Canada, en fonction de la latitude. Dans les régions où il y a une génération par an (univoltine), les papillons adultes émergent entre la mi-juin et le mois d’août. Dans les régions où il y a deux générations par an (bivoltine), les papillons de la première génération émergent entre la fin de mai et juillet et ceux de la deuxième génération émergent entre la fin de juillet et le début de septembre. Lors des années chaudes, une troisième génération peut se développer partiellement en octobre. Cette génération est souvent qualifiée de « suicide », car la plupart des larves n’ont pas le temps de se développer suffisamment pour survivre à l’hiver.
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Dommages au maïs
Dommages causés par la pyrale du début à la mi-saison (stade V6 et subséquents)
- Effet de fenêtre – petites zones d’alimentation circulaires sur la feuille visibles là où les larves du premier instar ne se sont pas nourries jusqu’au point de transpercer la feuille, laissant une fine couche de tissu foliaire.
- Effet de criblage – au fur et à mesure que les larves se développent, la taille des trous dans les feuilles s’agrandit et les larves de premier et deuxième instars sont capables de traverser complètement la feuille. Le mode d’alimentation devient apparent lorsque les feuilles de maïs sortent du verticille de la plante.
- Galeries – les points d’entrée des troisième et quatrième instars sont souvent entourés d’excréments. Les larves pénètrent par la nervure centrale ou à la base de l’aisselle de la feuille pour s’y nymphoser ou former un cocon sur les feuilles ou la panicule. Cela peut entraîner une perte de rendement physiologique importante, en entravant le transport des nutriments et de l’eau vers la tige et les feuilles.
- Le nombre de plantes qui subiront la verse peut également augmenter en raison de l’affaiblissement des tiges et des chances accrues de pourriture des tiges.
Dommages causés de la mi-saison à la fin de la saison (par la seconde génération de CRM ou dans les régions où il n’y a qu’une seule génération par an):
- Considérés comme les plus dommageables pour le maïs.
- Porter attention aux champs plantés tardivement ou aux champs qui sont pollinisés, car ils sont plus attirants pour les papillons adultes.
- Les ravages incluent la consommation des feuilles, le creusement de galeries dans les tiges, la consommation des grains, la chute de l’épi, la rupture de la panicule et le creusement de la hampe.
- Les maladies de la tige et de l’épi, ainsi que les mycotoxines, ont tendance à être plus répandues dans les zones infestées par la deuxième génération de CRM.
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Facteurs de risque
Dans les régions où l’on observe deux générations par an, le maïs planté hâtivement risque davantage d’être infesté en début de saison, tandis que le maïs planté plus tard risque d’attirer les papillons de la deuxième génération. Dans les régions où il n’y a qu’une seule génération par an, les champs de maïs plantés plus tard sont les plus attractifs pour la ponte. Les hybrides de maïs biologiques ou non Bt présentent un risque plus élevé. Les champs en semis direct ou en travail réduit du sol présentent un risque plus élevé si les chaumes de maïs sont laissés sur place et ne sont pas déchiquetés avant l’hiver. Les régions à fort pourcentage de maïs (50 % ou plus dans la région) et les régions où se produit le chevauchement d’une et de deux générations sont également à risque.
Pratiques de régie exemplaires
Dépistage et seuils limites
La surveillance des vols de papillons à l’aide de pièges à phéromones peut contribuer à procéder au dépistage et à l’application d’insecticides au moment opportun. Le réseau de surveillance des Grands Lacs et des Maritimes The Great Lakes and Maritimes Pest Monitoring Network effectue la surveillance régionale de la pyrale du maïs et peut aider à déterminer quand les envolées ont lieu. Toute personne intéressée par la surveillance de la pyrale dans ses champs peut contacter un entomologiste de sa province pour obtenir plus d’informations sur les pièges et les leurres à phéromones à utiliser dans sa région.
Les papillons de début de saison sont attirés par les champs de ensemencés tôt et de haute taille, tandis que les femelles de la deuxième génération sont attirées par les champs ensemencés plus tard et dont l’apparition des soies et la floraison se font plus tardivement qu’à l’habitude.
Examinez au moins cinq séries de 20 plantes (100 plantes par champ). Évitez les bordures de champ, car les infestations y sont plus importantes et ne représentent pas l’état de l’infestation dans l’ensemble du champ.
Pour le dépistage en début et en milieu de saison, commencez par les champs ensemencés le plus hâtivement et qui sont au stade V6 ou plus. Les plantes plus jeunes que le stade V6 contiennent une substance chimique naturelle qui empêche les larves de la pyrale de se développer. Recherchez les dégâts causés par la consommation des feuilles, y compris les trous d’épingle et les criblures sur les feuilles. Tirez et déroulez le verticille des plantes endommagées, à la recherche de petites larves. Fendez la tige des plantes de haut en bas pour localiser les larves plus âgées. Notez le pourcentage de plantes endommagées, ainsi que le nombre et la taille des larves trouvées.
Dépistage en milieu de saison – Dépistez d’abord les champs ensemencés le plus récemment. Concentrez vos efforts de dépistage sur les trois feuilles situées au-dessus et au-dessous de la zone de l’épi de la plante. Recherchez les masses d’œufs sur la face inférieure des feuilles, près de la nervure centrale de la plante. Notez le pourcentage de plantes présentant des masses d’œufs. Répétez le dépistage tous les 5 à 7 jours jusqu’à ce que les pics de vol aient diminué (environ 1 mois).
Pour le maïs non-Bt, consulter le calculateur de seuils critiques de la pyrale du maïs pour le maïs non-Bt.
Pour les seuils critiques relatifs aux semences de maïs, consulter la publication: Seed Corn Best Management Practices for Ontario.
Pour les seuils critiques du maïs sucré, consulter la version anglaise de la page du MAARO Ontario Crop IPM Sweet Corn ECB
Options de maîtrise
- Ensemencer des hybrides de maïs transgéniques Bt qui expriment une pyramide de protéines pour la maîtrise de la pyrale du maïs.
- Les protéines Bt efficaces contre la pyrale du maïs comprennent : Cry1Ab, Cry1F (sauf pour les Maritimes*), Cry1A.105 x Cry2Ab2.
- Prévoir les applications d’insecticide lorsque les petites larves sont présentes sur la plante, avant qu’elles ne creusent la nervure centrale ou la tige, car à ces endroits les insecticides ne peuvent plus entrer en contact avec le pathogène. Dirigez l’application vers le verticille de la plante en cas d’infestation en début de saison, ou vers la zone de l’épi en cas d’infestation plus tardive.
- Pour connaître les insecticides homologués contre la pyrale du maïs dans le maïs, consultez les recommandations de votre province:
Colombie-Britannique: https://www2.gov.bc.ca/gov/content/industry/agriservice-bc/production-guides/vegetables/corn
Manitoba: https://www.gov.mb.ca/agriculture/crops/insects/european-corn-borer.html
Ontario et les Provinces maritimes: OMAFRA Crop Protection Hub
Quebec: https://www.sagepesticides.qc.ca/ - Pour les hybrides de maïs non Bt, sélectionnez des hybrides résistants ou tolérants aux attaques de la pyrale, avec de bonnes caractéristiques agronomiques et des tiges solides.
- Le broyage des débris de maïs après la récolte est un moyen efficace de détruire les larves de pyrales qui passent l’hiver dans les tiges et les chaumes. Laissez le moins de tiges possible.
- Les stades immatures de la pyrale sont attaqués par des prédateurs naturels. Les prédateurs tels que les coccinelles et les minuscules anthocoride se nourrissent des œufs et des jeunes larves. Les guêpes parasites comme Trichogramma spp. et les acariens prédateurs peuvent également contribuer à éliminer ce ravageur.
Efficacité du maïs Bt contre la pyrale du maïs et statut de la résistance au Canada
| Protéines Bt efficaces | Protéines Bt Inefficaces | Protéines Bt pour lesquelles une résistance est connue |
|---|---|---|
| Cry1Ab* Cry1A.105 x Cry2Ab2* Cry1F (except the Maritimes)* |
Vip3A | La résistance au Cry1F a été détectée partout en Nouvelle-Écosse, près de Sussex, au Nouveau-Brunswick, près de Carmen, au Manitoba, et près de Montréal, au Québec. Des blessures inattendues à Cry1Ab et Cry1A.105 ont été observées dans un champ à Truro, en Nouvelle-Écosse, en 2023. Des blessures inattendues à Cry1Ab, Cry1A.105 et Cry2Ab2 ont été observées dans un champ près de New Haven, dans le Connecticut, en 2023. |
* Le premier cas de résistance au maïs Bt a été observé en 2018 en Nouvelle-Écosse. Dans cette région, les pyrales du maïs sont résistantes à la protéine Bt Cry1F. Aucun autre cas de résistance aux protéines Bt développée sur le terrain n’a été signalé chez les populations de pyrales du maïs en Amérique du Nord depuis la commercialisation du maïs Bt en 1996.